Ben Reddle [Fiche 3]

Trois jours. 70 heures. 4.200 minutes. 252.000 secondes à peu de choses près. Je continue à me répéter cela, encore et encore. Cela ne me permets pas de rester calme, mais c'est inéluctable. Cela fait trop longtemps que je n'en ai pas pris. Pourtant, mon plan semblait facile. Je devais faire entrer ma consommation par l'intermédiaire des cuisines de Poudlard, mais arrêter pendant plusieurs jours d'en prendre. Je pensais ne pas être accroc, mais j'en suis surement un.
Mon nez n'est plus blanc, mais mes yeux sont vitreux, mon regard animal, ma démarche forcée et mécanique. J'ai un peu de nausée en moi, ce que je contrôle pour l'instant. Il faut que je prenne le contrôle que j'essaye de rester normal, mais je n'y arrive pas, il m'en faut, il m'en faut. J'arrive enfin à un carosse. Plusieurs autres élèves m'entourent, qui ne me sont surement pas inconnus. Mais je m'en fiche, je ne les écoute pas, je ferme mes yeux, me concentre, et je fais semblant de dormir, semblant d'être épuisé par le voyage. Je commence à trembler. Heureusement que la soirée n'est pas très chaude, parce que ça pourrait être suspect. Enfin, j'ose espérer que mon teint livide nauséeux et mes tremblements leur fait juste penser que je suis malade. Mais je me fous pas mal de ce qu'ils peuvent penser. S'ils me sont familiers, ils connaissent mon secret. Je ne leur ai pas révélé, je ne l'ai dis à personne si ce n'est à mon fournisseur, mais ils ont déjà dû soit me voir en prendre, soit voir quelques traces, soit voir mes changements d'humeurs avant/après. Je ne fais pas attention à eux. J'ai dû avoir leur amitié avant que cela m'arrive. C'était il y a trois ans, quand tout le monde 'expérimentait'. Eh bien c'était tout simplement plusieurs expérimentations qui m'ont mené à m'en habituer, à le désirer et à en avoir besoin au final de façon régulière et frénétique. J'ai simplement dû leur dire que j'avais expérimenté plus d'une fois, et le reste, ils ont dû le deviner.

Le court transport entre le train et le château prends fin. Je me lève, tremblant. Une fille, amie surement, pleine de compassion me prends la main. Cela ne la dérange pas qu'on raconte une histoire à notre sujet, et elle semble attentionnée avec moi. on annulaire et son majeur me caresse le revers de la main, doucement, pour me calmer. Mes tremblements faiblissent, mais ma démarche reste mécanique et faible.
Je ne lui jette même pas un regard quand je m'en vais, courant à moitié, me précipiter aux toilettes les plus proches pour aller vomir tout ce qu'il me reste dans l'estomac. Mes mains se sont remises à trembler dès que ses doigts n'étaient plus en contact avec moi. Quand je sors ma baguette, et la tiens dans la main droite, elle émets des faibles étincelles, crachottant quelques relans de magie à cause de mon tremblement incontrôlé. J'arrive à l'immobiliser à deux mains, et je lance un sort informulé sur le paravent séparant les toilettes. Le bois contient un double-fond magique que j'ai repété en cherchant une cachette, deux ans auparavant. Poudlard est fait de magie, il n'est pas étonnant que tout en soit rempli. De la poudre blanche se trouve là, éparpillée dans toute la surface du paravent, par grain de poudre. J'arrive à la rassembler, avec un autre sort. Elle est protégée par ma magie pour ne pas se salir. Je la pose sur le couvercle des toilettes, et avec ma baguette, je forme une fine et longue ligne de cocaïne. Je commence alors à faire comme il y a trois jours. La narine droite, puis la narine gauche, un deuxième rassemblement au cas où et la narine droite pour finir.