Un bien joli bruit. ( Ouvert à tous )

« Moi, j'ai envie de croire aux contes de fées. Au moins, tout finit bien dans ces histoires là. »

Sa voix, au rythme de son métronome imaginaire, s’envole dans le résonnement de la forêt, d’une voix futile, totalement indécente. Pourquoi ? Parce que sa voix si cristaline n’emporterait pas qu’un cœur. La voix féminine se tût, laissant place à un silence incontestablement insoutenable. Le silence de la nuit pèse sur l’atmosphère mystique du grand espace d’arbres verts. Les quelques étoiles présentes ce soir là, éclairent avec puissance un brin de la forêt, ne laissant apercevoir que de simples traits de celle-ci. Les arbres danses aux rythmes du vents, laissant filer sur le passage de celui-ci quelques feuilles mortes. Le sifflement du vent trépigne dans les oreilles humaines. Mais ce soir là, il fût hostile de dire qu’une personne se trouvait dans la forêt -soit disante- interdite. Où deux personnes ? Voir trois ? En réalité, Camélia n’en savait guère quelque chose. Une silhouette longiligne semblait se distinguer d’une chêne d’une auteur exécrable. Sur une branche à 2 mètres de hauteur, se trouvait cette silhouette. De longs, fins, & livides doigts, se mêlaient au écorce du bois, caressant avec douceur le tronc du centenaire. Ses fines jambes s’entremêlaient à la branche, la cuisse, le genou, la cheville, collés à l’écorce. Son dos, fin & légèrement creusé se collait à la paroi centrale. La jeune femme semblait parfaitement à l’aise, contemplant avec concentration la pleine lune. Elle s’offrait ce plaisir personelle à chaque pleine lune, au même endroit. Elle se laissait emporter par la puissance de la lumière qui émergeait de la lune, laissant sa peau lisse & livide apparaître. C’ se sentait totalement vide, se donnant tout entière à la lumière de la lune.

Ses longs cheveux châtains ondulaient contre sa poitrine, & réchauffaient une partie de son corps, qui lui semblait parsemé de frissons. Il est vrai que la chaleur ne se faisait pas ressentir un soir du mois de septembre. La chaleur, la puissance du soleil, la tiédeur de l’herbe, laissait place à la froideur de l’automne. Les arbres tentaient de se détacher de leur feuilles mortes, les écureuils commençaient à disparaître dans les troncs d’arbres, & la température descendait considérablement. Camélia avait un fort penchant pour la froideur de l’hiver, la main souvent posée sur la glace du lac. Elle aimait se parsemer d’écharpes, de gants, de bonnets, avoir froid sous la neige, regarder la pluie tomber sur la château, & sourire malgré les déplorables circonstances d’un mauvais temps. Camélia n’était guère une jeune femme comme les autres. Fière d’être une sang-pur, avide de méchanceté, impulsive, insensible, & parfois hystérique, aux premiers abords, elle ne vous parlera jamais aimablement. Usant d’une malignité étonnante, il est parfois difficile pour certains élèves de comprendre son système & de passer au-dessus.

Les yeux noisettes clos, la tête orientée vers la lune -comme une nana tarée aurait fait pour bronzer- Camélia se chargait de l’imiter, mais avec une chose sûrement plus froide, moins intouchable, & plus futile, la jolie lune. La pleine lune semble être la nuit des loups garous, les transformations d’un être humain en un être totalement invivable, carnivore, & parfois hystérique. Roder dans une forêt aussi sombre, si dangereuse, & si interdite semble être un acte totalement irréfléchie, mais cela tombe bien, Camélia ne réfléchit pas pour ces choses là. Alors qu’elle semble bercé par la lune, les yeux rivés vers sa propre imagination, un bruit vint bouleversé son plaisir. Un bruit venant du fond de la gorge de Camélia, toisa avec férocité le bruit qui parvenait de derrière elle. Ne prenant en aucun cas le temps de se retourner, elle en oublia le bruit. Les minutes défilèrent, son pouls revint à son rythme habituel & la jeune femme se laissa une nouvelle fois emportée par le plaisir de la nuit. Mais un second bruit, identique au premier, vint une nouvelle fois bouleversé son propre plaisir. Cette fois-ci, C’ se retourna, mais ne vit que quelques ombres furtives, & quelques traits pourtant si indéchiffrables. Son pouls s’accéléra vivement. Elle tenta d’y faire face, mais le bruit s’intensifia, devenant de plus en plus effrayant. Pourtant si impassible, elle adressa un mince sourire à son interlocuteur, une main sur la poche de son jean, & l’autre sur le tronc de l’arbre. Tourné vers l’endroit d’où venait le bruit, ses jambes quittèrent l’écorce, pour se laisser bercer par le vide en dessous de lui. Seules ses fesses semblaient –à présent- toucher l’écorce du centenaire. Un mince sourire, s’étirait toujours sur ses lèvres, son regard fixé vers un point inconnu & totalement indéchiffrable, elle attendit que le temps passe.

Lorsque le bruit s’extirpa du silence, il fût temps pour elle d’y répondre :

« Joli bruit, viens par ici mon joli. »

Elle sourit avec un calme exemplaire, & une impression de contrôler ce qu’elle faisait impressionnante.

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