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 ta douleur sera la mienne ( pv)

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Raphaёl W. Hyadum
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Raphaёl W. Hyadum


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MessageSujet: ta douleur sera la mienne ( pv)   ta douleur sera la mienne ( pv) I_icon_minitimeDim 19 Juil - 17:55

Spoiler:

    Il y avait cette odeur. Tenace. Gourmande. Qui s’imprégnait du parfum de chacun jusqu’à devenir unique, mélange hétéroclite de saveurs défendues. Tenter de l’identifier serait un sacrilège : comment peut-on mettre un nom sur ce qui, loin de ne faire que frétiller nos narines, excite à la fois nos sens et notre envie? Il s’en souvenait parfaitement, pouvait encore l’humer dans l’air ambiant d’un château en décadence, Ces effluves qui l’enchantaient avaient autant de place dans son esprit que cette peau dont il se délectait autrefois. Ses mains se rappelaient de chaque grain sur la surface lisse, de toutes les courbes ayant contribuées à la beauté de cette silhouette gracieuse sur lequel son propre corps avait aimé se perdre. Et ses yeux! Que de souvenirs, que de fautes et de rêves avaient imprégné ses pupilles, le laissant béat de contemplation, perdu dans des mirages qui depuis longtemps, n’existent plus.

    Elle lui manquait, de-même qu’il se sentait mourir, emporté par une force qu’il ne contrôlait pas. Peut-être se vengeait-elle, en pourrissant son âme par les remords, en noircissant son cœur par le refus d’aimer à nouveau? Le temps passe, insensible aux supplications. Le mot lui-même est injuste ; c’est sans compter sur la tristesse, la colère, l’incompréhension. Ces émotions à elles-seules valent bien plus que l’unité par excellence, si bien qu’il faudrait leur inventer une durée, pour que le total soit équivalent. Pas en secondes, en minutes ou en mois. Mais en larmes, en sueur et en sang. Se vider, pour renaître. Des images qu’elle lui avait laissées, des baisers que ses lèvres sentaient toujours, comme-ci elle était vivante, sa bouche cerise compressée contre la sienne.
    Faire son deuil. N’est-ce pas ce qu’il faisait? Il disait adieu à ce qu’il était, à ce qu’il aurait pût devenir.

    Simon – « Bordel Raph, mais qu’est-ce que tu fous? Le premier cours va
    bientôt débuter! »

    Raph – « Et alors…? »
    Simon – « J’ai vu Fernand rôder autour de la p’tite Quincy. J’pensais que t’aurais aimé garder un œil pour…Merde mec! Tu t’moques de moi ou quoi? »

    Le beau brun avait déjà sauté en bas de son lit, bousculant son vieil ami au passage. Lorsque la conscience se confond, que l’esprit a déjà trépassé, il devient vital de survivre. Sa motivation à lui, c’était elles. Il prenait plaisir à torturer ces salauds qui profitaient de la naïveté des demoiselles. Voir leur visage se tordre de douleur avait un côté jouissif qui évasait, même temporairement, le souvenir de sa bien-aimée. Il se damnait lui-même, se faisait juge et bourreau alors qu’il n’était qu’une victime. Une marionnette, stupide pantin contrôlé par son cœur et ses sentiments, par un fantôme hantant ses nuits et ses jours. C’était malsain, il le savait. L’âme pure ne peut se délecter de la souffrance d’autrui sans en payer les conséquences. Mais ne rendait-il pas service aux filles de Poudlard, en agissant ainsi? Il les débarrassait de ces parasites, ces purulentes verrues qui tentaient de s’approprier leur fleur sacrée. Immoral, vous dis-je? Non, pire. N’empêche…c’était nécessaire. Pour qu’il puisse avoir le courage de se lever, de ne pas abandonner. La lâcheté est un crime, mais est-il réellement punissable, puisque tous les humains y succombent ? Tant de détails qui poussent l’homme dans les tréfonds de son âme, l’obligeant à associer des similitudes là où il n’y a que des différences. Que ne ferait-on pas pour continuer à vivre!

    Le préfet s’habilla à la hâte, descendant les marches à la va-vite. Fernand… Un médiocre blaireau qui aimait la chair des femmes, pour le simple goût du vice. Raph’ grinça des dents avant de se mettre à courir dans les couloirs du château. C’était peut-être de simples affabulations, prouvant que l’esprit est corruptible par l’excitation de la haine. Simon aurait très bien pût inventer ce prétexte pour le faire sortir du lit… Le jaune et argent s’élança dans la grande salle, parcourant celle-ci des yeux. Un grand blond s’y détachait clairement, les bras tendus vers l’avant, fanfaronnant sans doute sur une force imaginaire. C’était peut-être faux. Mais d’une manière ou d’une autre, il méritait une leçon, pour toutes ses demoiselles qui avaient visité son lit dans l’espoir vain de mériter son amour.

    Une demi-heure plus tard. Le serpent ondulait hors de sa tanière, les crocs tâchés de sang. L’adulte abaissa les manches de son chandail, pour camoufler l’ecchymose qui prenait tranquillement une teinte violacée. L’indifférence peignait son visage mais intérieurement, il jubilait. Il se souvenait de tout… De la violente dispute, des coups, des mots… Du corps déformé sur le plancher, abandonné dans le couloir. Non, le jeune homme qui avait subit si cruellement ses assauts de rage ne garderait aucune séquelle ; Raph’ avait prit soin de lui donner simplement une leçon, mais le souvenir cuisant de cette bastonnade allait sans doute le hanter longtemps. N’étais-ce pas ce qu’il voulait? Marquer à jamais ces rebus de la vie, pour qu’ils saisissent enfin que les femmes ne sont pas des objets, qu’à agir comme un pervers, on doit parfois en assumer les conséquences.

    Le jeune homme bifurqua vers le droite, gravit des escaliers. Il ignorait où ses pas le guideraient, l’important étant de s’éloigner de ce lieu désormais maudit par la haine et la violence. Devant lui, une porte ouverte semblait l’inviter à entrer ; comme si la tentation elle-même avait prit forme, pour changer ses idées morbides. Il se laissa donc emporter dans la danse, celle qui enivre, qui prend possession de l’esprit pour l’amener dans des réflexions où l’avantage est de pouvoir vivre. Lorsqu’il regarda plus attentivement, Raph’ constata avec stupéfaction qu’il était dans la salle des armures. Au loin , des pas se faisaient entendre. Étais-ce sa victime, qui revenait pour se venger? Instinctivement, l’adulte se plaça en position d’attaque, baguette en avant .
    Il est si agréable de faire mal…


Dernière édition par Raphaёl W. Hyadum le Lun 24 Aoû - 2:47, édité 3 fois
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Nemesys C. Morrigan
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Nemesys C. Morrigan


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MessageSujet: Re: ta douleur sera la mienne ( pv)   ta douleur sera la mienne ( pv) I_icon_minitimeLun 20 Juil - 0:54

    En ce levant ce matin-là, Nemesys n'aurait jamais pensé que le petit-déjeuner pût être aussi intéressant. Comme à son habitude, elle rechigna à se lever, n'étant pas du matin. Chaque jour, elle se disait qu'elle allait sécher les cours de la matinée, mais jamais elle ne le faisait. Elle était trop raisonnable. Trop, oui. Ses seuls moments de folie c'était avec Tash, et elle priait pour que jamais personne n'eût vent de cette relation. Même chose pour le lien qu'elle entretenait avec Matthew. La Serpentard avait beau être franche, sûre d'elle voire impudique, elle n'en conservait pas moins quelques secrets inavouables... Même Eva, sa meilleure amie, ne les connaissait pas tous. Nemy aimait conserver un jardin secret. Et elle rêvait d'anarchie, d'un monde sans tabou. Sortant péniblement de son lit, elle constata que les autres étaient déjà levées, mais cela ne l'étonna pas. Il en était ainsi tous les matins. Seule Eva rivalisait avec elle au niveau réveil tardif. D'ailleurs, elle était encore endormie. Nemesys s'approcha à pas de loup et se jeta sur son lit, provoquant des grognements de protestation de la part de son amie.

      - Lève-toi, fainéasse ! On va être en retard en cours.
      - C'est bon, laisse-moi dormir ! On a qu'à sécher !
      - Tu dis ça tous les matins et on ne me fait jamais.
      - On a qu'à le faire, pour une fois...
      - Ca aussi, tu le dis tous les matins.
      - Ok, laisse tomber, je me lève.


    Sous le sourire de son amie, Eva sortit des draps et se mit debout en s'étirant. Les deux jeunes filles entreprirent ensuite de mettre leur uniforme, discutant de choses et d'autres. Les autres résidentes de la chambre attendaient qu'elles finissent de s'habiller en leur lançant quelques réflexions sur leur sempiternelle lenteur à se préparer. Pour les faire enrager, Nemesys faisait exprès de ralentir le rythme, s'attirant les foudres des plus pressées. Mais au final, elles n'arrivaient jamais en retard dans la Grande Salle. En entrant dans cet immense lieu, elles allèrent directement s'asseoir à leur table et commencèrent à manger. Ce fut à ce moment-là que la routine quotidienne fut rompue.

    Un Poufsouffle fit irruption dans la salle, visiblement furieux. Nemy le reconnut immédiatement. Raphaël, un garçon qu'elle appréciait beaucoup, mais qui refusait de faire le deuil de son ancienne petite amie. Elle ne l'avait jamais vu dans un tel état et ne pensait pas que ça pût lui arriver, tant il était d'ordinaire posé. Qu'est-ce qui pouvait bien l'énerver autant ? En réalité, ce n'était pas "que", mais "qui", et la réponse ne se fit pas attendre, même si les raisons n'était pas évidentes pour tout le monde. Le préfet des Poufsouffle se dirigea tout droit vers sa table et alla empoigner un garçon blond à l'air assuré. Lui aussi, Nemesys le connaissait. De réputation surtout. Un véritable coureur de jupons, le genre qu'elle ne pouvait que détester. Ce fut donc avec ravissement qu'elle vit Raphaël se jeter sur ce sale type et le rouer de coups. Plus qu'un ravissement, une certaine jouissance, même. Cette fois c'était certain, elle ne pouvait qu'adorer ce garçon. Si seulement il voulait bien oublier cette fille, il serait plus apte à s'amuser... Elle s'imaginait déjà comploter avec lui pour se venger de tous ces dragueurs qui pullulaient à Poudlard... Mais il était trop obnubilé par cette "Elena" pour ça. Enfin, au moins, il lui arrivait parfois d'avoir des sursauts de vie, comme ce matin-là.

    Elle fut déçue quand il repartit, aussi vite qu'il était venu. Alors, elle eut envie de le retrouver pour le féliciter et le remercier pour ce geste hors du commun. De la part d'un préfet, en plus, quelle audace ! Elle s'excusa auprès de ses amies en précisant qu'elle allait revenir rapidement, puis s'élança à la suite du Poufsouffle. Mais celui-ci était rapide, comme s'il avait décidé de la semer. En réalité, il n'avait pas vu qu'elle le suivait, tout simplement. Où pouvait-il donc bien aller d'un pas si vif ? Elle accéléra le pas pour ne pas le perdre de vue et vit au loin qu'il venait d'entrer dans la salle des armures. Etrange endroit. Curieuse mais prudente, elle ralentit et s'approcha avec précaution. Elle fit bien, car le jeune homme l'entendit et sortit sa baguette. Nemy mis ses mains bien en vue pour montrer qu'elle ne tenait pas la sienne. De toute façon, quand il la reconnaîtrait, il perdrait sans doute l'envie de l'attaquer.

      - Ce n'est que moi, Raph...


    Elle arriva enfin à sa hauteur et lui adressa un sourire malicieux.

      - J'avais envie de te dire...


    Elle se jeta alors dans ses bras, hilare.

      - Bravo ! T'as été génial tout à l'heure ! Je ne sais pas pourquoi tu t'es jetée sur ce gars mais si tu savais comme ça m'a fait du bien de te voir lui casser la figure...


    Mais elle s'écarta ensuite, un peu gênée.

      - Excuse-moi. Je me suis laissée emporter. Mais il y a de quoi ! Je ne pensais pas que tu étais capable de ça... enfin... je veux dire... qu'est-ce qui t'a pris ? Toi qui es si calme d'habitude... Je ne peux pas te cacher que ça m'a fait plaisir de te voir comme ça. Il ne te reste plus qu'à faire pareil avec le garçon qui convoitera ta prochaine petite amie et tu seras parfait.


    Elle ponctua ces mots d'un nouveau sourire espiègle. Il allait bien falloir qu'il se décide à franchir le pas, qu'il oublie son ex et se trouve une vraie petite amie, vivante celle-là. D'autant que ce n'était pas les prétendantes qui manquaient, tant il était séduisant. Quel gâchis... Elle-même aurait bien voulu se laisser tenter, mais elle le respectait trop pour ça. Il fallait qu'il trouve quelqu'un qui fût capable de tomber amoureuse de lui, et ce n'était pas le cas de Nemesys. Bien qu'elle lui eût accordé sa confiance sans problème, exceptionnellement. Mais il y avait déjà Gabriel... Deux garçons dignes de confiance à Poudlard ? Il semblait que ce fût possible, finalement. De toute façon, Raphaël méritait quelqu'un de bien, pas quelqu'un comme elle qui enchaînait les aventures sans lendemain et qui avait peur de l'amour. Elle ne ferait que le rendre malheureux. Heureusement, il n'y avait pas d'ambiguïté entre eux, du moins le pensait-elle. Ils étaient amis, et c'était le seul garçon qu'elle pouvait approcher sans aucune crainte et sans aucune gêne. Un être exceptionnel, donc.
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Raphaёl W. Hyadum
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Raphaёl W. Hyadum


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MessageSujet: Re: ta douleur sera la mienne ( pv)   ta douleur sera la mienne ( pv) I_icon_minitimeLun 20 Juil - 2:08

    Quelques secondes. Pas plus, pas moins. Qui passent pourtant avec une lenteur absolue, étirées à l’infini par des mains étrangères au malheur d’autrui. Tel un sablier qui s’écoule d’un grincement malhabile, obstrué par quelques grains ayant eu la vulgaire mission de s’infiltrer dans l’horaire des durées. Un moment, si petit fut-il, qui vole l’éternité aux heureux gens, tant sa longueur est en contraste avec ce qu’il représente réellement. Le temps d’un claquement de langue et de dents, d’une tentative désespérée d’arranger sa chevelure. Puis la conscience de l’acte, de l’incidence de ces précieux instants qui en somme, devraient être ralentis alors que précédemment, ils semblaient accélérés. Cette manie, de voir différemment les choses. Parce qu’en définitive, rien n’est fixé, les événements se déroulant selon l’idée qu’on s’en fait, indépendamment de ce qu’il en est dans l’esprit des autres, branchés sur le simple diapason de nos réflexions.

    Il y a ce sentiment que certains se plaisent à appeler l’amour. Celui qui donne soi-disant des ailes à l’amant, qui volera ainsi jusqu’au balcon de sa douce. Celui qui agite le cœur, bien que sa corrélation s’arrête simplement à précipiter ses battements, dans une course déchaînée où le vainqueur ne peut toucher sa récompense. Celui qui plombe de lourdeur les mains et les jambes, jusqu’à ce que l’impression d’être une masse, un poids qui tombe dans les abîmes de l’océan, donne des vertiges et pousse la victime à se croire léger, mélangeant les véritables raisons de son malaise. Celui qui envahit l’esprit, y poussant en-dehors la prudence et la méfiance, pour les remplacer par la naïveté et la douceur. Celui qui occupe tout, ne laissant de place qu’à l’âme, ce colocataire fort aimable avec qui il négocie, jouant le bonheur de son hôte. Raph’ inclina légèrement la tête, se maudissant lui-même de se laisser aller cette réflexion alors que son amie venait de rentrer dans la pièce…À moins que ses pensées ne soient directement liées à elle? Non. Ça ne pouvait pas, ça ne devait pas être cela.

    L’ange roux qui lui faisait face n’était pas une ennemie, ni une future victime. Du moins, il l’espérait. Par conséquent, le jeune homme abaissa sa baguette. Son instinct, autrefois adapté pour faire rire les dames , lui souffla de sourire, ce qu’il fît. Le blaireau avait perdu ce naturel qui faisait de lui un homme sympathique… Il ne lui restait que son deuil et son désir d’être seul. Faut-il vraiment surpasser nos sentiments ou peut-on se laisser mourir, arrêter de lutter? L’autodestruction. Un mot terrible qui ne devrait pas être utilisé pour décrire un jeune de vingt ans. On peut s’annihiler de plusieurs façons, sans pour autant attirer l’annuité de nos proches. Comme l’enfant qui reste sans souffle, quelques secondes sans cette force vitale qui nous permet de vivre sont suffisantes pour occasionner des lésions invisibles à l’œil de la chair. Et si la guérison n’est pas amorcée, un long processus menant à notre abolition est entamé. Le provocateur de cette situation sera maudit à maintes reprises mais le véritable ennemi persistera dans l’accomplissement de sa funeste besogne. L e pantagoniste? Cette même personne qui se dit persécutée. Douleur, affliction, torture! N’y-a-t’il pas de plus grand mal que de se sentir déchiré, transpercé par l’être que nous sommes? Les pensées deviennent des anthracites ardents qui consument avec indolence notre belle mentalité. Nos actions se transforment en persécutions, dans le simple but de transmettre nos tourments à ceux qui ne connaissent que l’allégresse. Les cris, les supplications…La pitié n’existe pas dans ce monde où une simple phrase peut se transformer en piège mortel. Frémir de chaque fibres de son corps, anesthésier la souffrance par celle d’un autre individu. L’erreur est humaine mais le pardon ne l’est pas. Haïr ceux qui nous entourent avec une rage iconoclaste. Abhorrer davantage sa propre existence. Destruction.

    « Je… »

    Il n’eût pas vraiment le temps de terminer sa phrase. Parce qu’aussitôt, une tornade vint s’engouffrer dans ses bras, l’espace de quelques secondes. Malgré lui, Raph’ savoura ce contact, appréciant de tenir contre lui la jeune fille. Non. Il n’avait pas le droit… Elena. Ne pas l’oublier. Comment pouvait-il être affecté par une simple accolade, alors que sa bien-aimée était décédée? C’était lâche, hypocrite, salaud. Allait-il devenir insensible, comme celui qu’Il détestait tant? Tout en se maudissant intérieurement, le blaireau tenta de suivre le babillage de la vipère. Ses sourcils se haussèrent lorsqu’Il comprit la raison de cette manifestation de joie. La violence ne devrait pas entraîner l’enthousiasme…car si celui qui la commet y prend goût, c’est par un désir inassouvi de voir souffrir autrui. Or, que ses actes deviennent une stimulation, un plaisir pour les autres, ne lui disait rien qui vaille. Sentant qu’une explication était la bienvenue, il haussa les épaules avec désinvolture avant de dire :

    « C’est un dragueur, un sale type. J’espère qu’il évitera les filles à l’avenir… »

    Sinon, il allait revenir. Et cette fois, il s’arrangerait pour qu’ils soient tous les deux seuls. Alors, Raph’ le frapperait jusqu’à ce que ses jointures blanchissent et que le sang coule de celui qui répand la tristesse chez les demoiselles. Il frapperait jusqu’à ce qu’il se sente mieux, jusqu’à ce qu’Elena sorte temporairement de sa mémoire…jusqu’à ce qu’il recommence à vivre. Oui. Cette idée était rassurante et presque malgré lui, le préfet se vît à espérer que Fernand recommence. Pour le simple plaisir de pouvoir le maltraiter à nouveau… Nemesys pensait-elle vraiment ses paroles? Raph’ se mordit l’intérieur des joues, troublé. Elle ignorait à quel point elle se trompait, sur son compte. Non, le jaune et argent n’avait rien d’une personne calme. Il était agressif, voir dangereux, parfois… Comme son père. Et même s’il tentait depuis des années de dompter ces défauts, il savait très bien qu’il n’y pouvait rien. C’était génétique. La haine coulait en lui aussi aisément que la lymphe, de-même que cette envie, ce besoin de se battre. Mais à quoi bon apprendre ces détails à le jeune fille, sinon pour l’effrayer et la faire fuir? Or, il ne voulait pas que cela arrive. Il préférait la garder près de lui…

    « Que sais-tu vraiment de moi, Nemesys? J’veux dire, à part Elena, bien sûr… »

    Il ponctua sa phrase d’un sourire gêné. Ce n’était pas une reproche, simplement une évidence. Que la vipère le considère comme un garçon paisible était presque risible. Si elle aurait prit la peine de faire le décompte des salauds blessés dans les derniers jours, elle aurait compris que le Hasard n’était pas le seul à rendre justice..Oh, il avait tort d’agir ainsi, bien sûr. Mais il le faisait tout de même. Pour se satisfaire, lui. N’étais-ce pas l’important? Au reste de sa phrase, il se figea. Sa prochaine petite-amie. Elle remettait encore cela sur le tapis. Et s’il ne voulait pas passer à autre chose? S’il considérait que l’âme-sœur ne peut arriver qu’une fois dans sa vie et qu’il avait gâché sa chance? Non, il ne voulait pas faire son deuil ni oublier cette fillle merveilleuse qui avait failli être sa fiancée. Parce qu’il l’aimait, tout simplement.

    « Et si je cassais la gueule du garçon qui te convoite, toi?»

    Putain de merde. Qu’est-ce qui lui prenait? Il s’en foutait, des amants de l’adolescente. C’était son amie, point barre. De toute façon, il n’était pas sans savoir que plusieurs hommes tournaient déjà autour de la demoiselle. Si on oubliait deux d’entre eux, qui avaient succombé aux coups du préfet…Non, il n’était pas jaloux. Il aimait Elena. S’il agissait ainsi avec elle, c’était simplement pour la protéger. De tous ces types qu’il détestait tant. Voulant préciser la situation, il rajouta :

    « Tu n’as pas idée du nombre de connards qui aimeraient te mettre dans leur lit, Nemesys. Si je ne serais pas déjà occupé avec Georgia, je demanderais à devenir ton garde du corps personnel, pour pouvoir tous les éclater. »

    Cette fois, il ponctua sa phrase d’un clin d’œil espiègle, avant de s’asseoir sur le sol, l’air assuré de ses propos. Levant les yeux vers l’adolescente, il l’invita d’un geste de la main à prendre place à ses côtés. Merlin, quelque chose clochait. Ce n’était pas normal… Cette sensation de bonheur, lorsqu’il la regardait. Ce désir d’être proche d’elle. Une copine ? Peut-être. Mais l’amitié n’est plus ce qu’elle était autrefois…
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Nemesys C. Morrigan
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Nemesys C. Morrigan


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MessageSujet: Re: ta douleur sera la mienne ( pv)   ta douleur sera la mienne ( pv) I_icon_minitimeMar 21 Juil - 1:25

    Si avant cet événement quelqu'un avait demandé à Nemesys ce qu'elle pensait de Raphaël, elle n'aurait pas tari d'éloges sur lui. Un garçon intelligent, avenant, souriant, un vrai gentleman. Tout le contraire de ce qu'elle détestait chez un garçon. Une perle rare, la seule personne dont elle aurait vraiment aimé être amoureuse. Le seul défaut qu'elle pouvait lui trouver, c'était son attachement au passé, qui le maintenant dans un étau dont il ne pouvait ni ne voulait se délivrer. C'était d'ailleurs pour ça qu'elle passait autant de temps avec lui. En dehors de ça, c'était l'homme parfait, du moins le croyait-elle. Car elle était assez loin de la vérité finalement. Elle ne le connaissait que trop peu et ne l'avait pas vraiment réalisé. Ce fut lui qui le lui rappela, ce qui la fit quelque peu réfléchir. Le jeune homme était tellement énigmatique qu'elle aurait pu effectivement deviner qu'il cachait quelques secrets. Dans sa confiance aveugle, chose pourtant très rare chez la jeune fille, elle avait été persuadée que sa première impression était la bonne. Cependant, elle ne se focalisa pas longtemps là-dessus. Quoiqu'elle apprît sur le jeune homme, ça ne pouvait pas être si grave. Il y avait au moins une chose dont elle était sûre, il n'avait rien d'un dragueur, et ça suffisait à ce qu'elle lui fît confiance. Le reste importait peu. Sûre d'elle, elle avait donc continué à parler pour le féliciter de ce qu'il avait accompli dans la Grande Salle. Un acte qui pourtant n'était pas à encourager. La violence ne résout rien. Sauf que Nemy ne voyait pas les choses sous cet angle. Un homme qui savait se battre pour ses convictions, ça lui plaisait. Elle se moquait bien de la morale ! "La fin justifie les moyens" était sans doute le proverbe préféré de la Serpentard. Alors oui, le fait qu'il se soit battu devant elle l'avait fait grimper en flèche dans son estime. Mais elle ne s'attendait pas à ce qui allait suivre.

      - Et si je cassais la gueule du garçon qui te convoite, toi?


    Sur le moment, elle ne comprit pas le sous-entendu. Elle rit, pensant à une plaisanterie. Mais le Poufsouffle avait l'air très sérieux. Alors, tout se connecta dans le cerveau de la jeune fille. "Il ne te reste plus qu'à faire pareil avec le garçon qui convoitera ta prochaine petite amie", c'était ce qu'elle avait dit. Autrement dit, il sous-entendait qu'il la considérait comme une éventuelle petite amie ? Elle avait du mal à en croire ses oreilles. Mais peut-être extrapolait-elle trop. Elle devait certainement se faire des idées. Il la considérait comme une amie donc il était normal qu'il cherchât à la protéger. Dans tous les cas, ça lui mettait du baume au cœur. Ca signifiait qu'elle était importante à ses yeux. Se sentir privilégiée ne pouvait que lui plaire. Nemesys était du genre égocentrique et possessif. Même sans être amoureuse ni même spécialement attirée par Raphaël, elle avait besoin de sentir qu'il la considérait comme une personne particulière. Toutefois, elle serait certainement bien ennuyée s'il tombait amoureux d'elle, car elle ne pourrait rien lui offrir en retour, et il ne méritait pas ça. D'ailleurs, ce n'était pas une fille comme Nemesys qu'il lui fallait. Elle se contentait de jouer avec les garçons, en évitant de s'attacher. Mieux valait qu'il trouve une fille bien qui puisse l'aimer à sa juste valeur. Heureusement, il n'y avait pas de danger pour qu'il tombât amoureux d'elle. Il était toujours bien trop attaché à Elena. Ainsi, Nemesys ne rassurait sur les intentions du jeune homme. Il la considérait comme une amie, uniquement.

      - Tu n’as pas idée du nombre de connards qui aimeraient te mettre dans leur lit, Nemesys.


    Vraiment ? Elle ne s'en rendait pas vraiment compte. Il faut dire qu'elle ne cherchait pas à collectionner les aventures, loin de là. Quand un garçon lui plaisait et que c'était réciproque, elle en profitait, c'est tout. Elle ne pensait pas qu'il y en avait autant... Mais surtout, comment Raphaël savait-il ça ? Surveillait-il l'entourage de la Serpentard ? Quoi qu'il en fût, elle était plutôt touchée, d'autant qu'elle cherchait à tout prix à éviter les dragueurs. Elle ne voulait pas être une pièce de plus à leur collection. Elle avait besoin d'être quelqu'un d'exceptionnel, comme c'était le cas pour Raphaël d'ailleurs... Mais pas de la même façon.

      - Si je ne serais pas déjà occupé avec Georgia, je demanderais à devenir ton garde du corps personnel, pour pouvoir tous les éclater.


    Georgia ? Cette Poufsouffle porte-poisse qu'elle faisait son possible pour éviter ? A bien y réfléchir, elle les avait parfois vus ensemble mais n'y avait pas fait attention. Pourvu qu'il ne s'intéressât pas à elle, car elle était une catastrophe ambulante et l'entraînerait sans doute avec elle. Pourquoi fallait-il qu'il la protégeât elle ? Enfin, tant que ça n'allait pas plus loin, ce n'était pas si grave. Néanmoins, Nemesys était légèrement agacée à l'idée que Raphaël fût proche d'une autre fille qu'elle, qu'il la protégeât même. Mais cette idée fut rapidement occultée par la fin de la phrase du Poufsouffle. "Pouvoir tous les éclater" ? Entendre ces mots dans la bouche de Raphaël eu un effet détonnant sur la Serpentard. Comme une montée d'adrénaline. Raphaël n'était pas aussi calme et avenant qu'il n'y paraissait. Il était capable de faire preuve de violence sous la colère et, contre toute attente, ça le rendait excitant aux yeux de Nemesys. Le clin d'œil qu'il lui adressa ensuite ne fit qu'accroître ce jugement. Lorsqu'elle réalisa ce qu'elle ressentait, elle tenta de chasser rapidement cette idée de sa tête. Elle ne devait pas avoir ce genre de pensée envers lui, il devait se trouver une copine aimante, pas une fille qui s'amuserait avec lui pendant une nuit. Le jeune homme s'assit alors sur le sol et l'invita à faire de même. Hésitante pendant une seconde, elle finit tout de même par accepter et prit place à ses côtés. Quand ce fut fait, elle lui adressa un sourire qu'elle voulait bienveillant, mais qui devait sans doute être emprunt de minauderie, et posa ses mains sur celles du Poufsouffle.

      - J'aimerais beaucoup que tu sois mon garde du corps tu sais... Si tu pouvais faire leur fête à tous ces stupides dragueurs... Merlin, j'en tirerais un plaisir intense...


    Elle soupira et rit. Elle était en train de lui faire du charme, mais ne s'en rendait absolument pas compte. Cassez le naturel, il revient au galop. Nemesys était une véritable machine à phéromones, même quand elle ne le voulait pas. Si un garçon lui plaisait, même inconsciemment, elle mettait tout en œuvre pour le séduire, ce qui la mettait souvent dans des situations délicates, avec Matthew par exemple. Elle le détestait, et pourtant, il l'attirait, et elle ne pouvait que répondre à cette attraction en lançant elle-même des signaux évocateurs. Ce qu'elle faisait également avec Raphaël en ce moment-même, alors qu'elle venait de se dire qu'il fallait à tout prix éviter ça.

      - Dis-moi, Raph, je me pose une question... Tu t'es jeté sur ce type avec tellement d'assurance... Est-ce que tu as déjà fait ce genre de chose avant ? Si c'est le cas, je ne t'en voudrai pas tu sais... Au contraire... Je suis de tout cœur avec toi.


    Elle ponctua sa phrase d'un sourire quelque peu carnassier. Oui, elle découvrait une autre facette de la personnalité de Raphaël qu'elle n'avait jamais soupçonnée jusque là, et elle ne pouvait nier que ça lui plaisait. Il était si proche d'elle qu'elle n'avait qu'à se pencher un peu pour l'embrasser... Il fallait toutefois qu'elle réfrène ses pulsions. Sentant qu'elle risquait de franchir un cap de non-retour, elle retira ses mains et s'écarta légèrement, un peu embarrassée. Non, si elle n'était pas amoureuse de lui, elle ne devait pas se permettre de le séduire. Il fallait qu'elle se comportât avec lui comme avec un ami, tout simplement. Elle se rappela alors que de toute façon, elle ne risquait pas grand chose. Il n'était pas prêt à s'intéresser à une autre fille que son ex-petite amie. Cette pensée la rassura un peu et elle reprit son assurance, soulagée. Elle adressa un nouveau sourire au jeune homme. Elle avait envie de lui demander de ne plus fréquenter cette Georgia, mais elle ne pouvait pas se le permettre. Ce n'était pas à elle de choisir ses relations. Toutefois, elle préférait qu'il fût en compagnie d'une fille qui lui correspondait mieux. Elle remonta dans sa mémoire pour se rappeler les personnes de sexe féminin qu'elle avait vu en compagnie de Raphaël, et ces souvenirs ne la rassurèrent pas, bien au contraire. Outre Georgia, il y avait Joséphine Bagxwell, la sœur de Gabriel, celle qui faisait tout pour empêcher Nemy d'approcher son frère. Mais surtout, il y avait Cohen, cette sale petite peste qui lui pourrissait la vie. Merlin, pourquoi fallait-il que Raphaël fréquentât ces idiotes ? Pour un peu, elle avait presque envie de le séduire, pour qu'au moins il échappe au massacre. Mais il ne devait pas être avec une fille comme elle. Elle devait trouver quelqu'un qui soit parfait. Elle allait devoir réfléchir à ça. Mais peut-être pouvait-elle tout simplement lui poser la question, non ?

      - J'ai une autre question, aussi... Est-ce qu'il y a une fille qui te plaît en ce moment ? Je veux dire... Je sais que tu veux rester fidèle à Elena, mais il y a peut-être une personne avec qui tu as des affinités et avec qui tu as envie de creuser plus loin, non ?
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Raphaёl W. Hyadum
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Raphaёl W. Hyadum


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MessageSujet: Re: ta douleur sera la mienne ( pv)   ta douleur sera la mienne ( pv) I_icon_minitimeMer 22 Juil - 4:02

    Certains moments devraient ne jamais voir le jour , mourir dans l’œuf avant de pouvoir répandre leur venin, de détruire des pensées et des vies. Or, ces fameuses tragédies sont souvent celles qui sont le plus souvent menées à terme. Il est presque risible de constater qu’un geste que nous considérons comme bénin peut pourtant suffire pour changer les choses, modifier une relation où gâcher une amitié. Pour ces mêmes raisons, on trouve plus aisé de réfléchir avant de poser une action, pour éviter que de telles catastrophes surgissent sans notre accord. Mais lorsque l’acte semble anodin, comment peut-on songer à ne pas le commettre ? Cette conversation aurait pût continuer dans ce ton étrange, sans pour autant aboutir sur la décadence d’une conscience. Et pourtant… Il avait suffit d’une main. Et d’un contact, pour chambouler à nouveau les pensées de notre Raphaël.

    Elle était couchée sur son lit d’hôpital, une intraveineuse plantée dans sa peau. Cette même chair qu’il avait caressée, embrassée, dans cette douce transitude où l’amoureux se croit supérieur aux autres hommes dans ses prouesses. Ses lèvres pâles remuaient doucement, chuchotant des mots qu’il ne pouvait comprendre mais qu’il devinait, par cette simple habitude qu’ont les amoureux de ne plus se fier à la communication terrestre. Les yeux de Raph’ brillaient de larmes qu’il ne voulait pas verser; elle méritait un homme fort, non un lâche. Doucement, il prit ses main dans les-siennes, un sourire triste sur son visage. Son ange allait survivre. Le contraire était impossible.

    Elle n’avait pas le droit. De voler ses souvenirs, pour les remplacer par ceux où elle figurait. Nemesys… Il sentait la chaleur de sa paume, la douceur de ses doigts, les imagina entrecroisés aux-siens…Malgré lui, il frissonna. Non. La vipère n’était qu’une femme, une Ève parmi tant d’autres alors qu’Elena était irremplaçable. Comment pouvait-il oser songer, ne serai-ce que quelques secondes, à l’oublier au profit d’une autre? Il était un ingrat, un salaud de la pire espèce…Oh, certes. Il y avait bien Joséphine et Hayleen. Mais elles, ça ne comptaient pas ; ce n’était qu’un jeu, une protection supplémentaire contre les mauvaises langues et les disputes. Et puis, venaient les autres. Toutes ses filles dont il se faisait à la fois le grand frère et le confident, pour le simple plaisir de les savoir en sécurité, loin des pervers et des assoiffés de plaisir. Drôle de passion, certes. Or, Raph’ était ce qu’il était… Un Hyadum, digne descendant d’un homme fou et violent. Passer sa rage sur les autres, en contrant le mal plutôt que le bien…Étrange, peut-être. N’empêche, une telle méthode n’est-elle pas plus saine que celle consistant à taper sur les plus faibles?

    « Ce ne serait pas pour ton plaisir, Nemesys. Tirer bonheur du saccage... »Raph’ s’arrêta, une moue dégoûtée sur son visage. Certes, il s’amusait, à se défouler sur les autres. Mais c’était différent, il avait un but : celui d’oublier sa souffrance. S’obnubiler par le sang, passer la haine dans les coups, vomir l’amour dans l’énergie d’un combat, pour finalement être débarrassé de ce tiraillement. C’était peut-être semblable, en final. Car lorsqu’il voyait un ennemi tomber, vaincu sous ses assauts, oui, il était heureux. De cette excitation malsaine qui n’assaille que les fous ou les insensibles, de ce délice qui noircit pourtant l’âme au profit de ce comportement qui à la longue, devient une drogue, un besoin. Celui de lire la douleur, la crainte, sur le visage de sa victime. De sentir l’écarlate liquide couler sur sa peau, jusqu’à s’en abreuver, en goûtant avec extase à ce parfum de victoire et de puissance. Le poufsouffle secoua légèrement la tête; il délirait. Peut-être avait-il été davantage atteint qu’il ne l’aurait crût par les nasardes de Fernand?

    Il courrait sans s’arrêter, sans prendre le temps de fusiller du regard les passants qui l’observaient, dubitatifs. Il fuyait la mort, comme s’il craignait qu’elle vienne lui aussi le chercher, sans laisser de traces. Il courrait avec ce besoin ardent de vivre et cette envie de n’être plus de ce monde. Il fuyait ce cadavre blanchâtre, inanimé, qui avait eût la prétention de prendre la forme de sa bien-aimée, simplement pour l’effrayer. Il courrait jusqu’à se perdre dans les dédales de sa peine et son désarroi, jusqu’à atteindre ce gouffre où même les adultes les plus coriaces ont l’obligation de s’arrêter. Les yeux brouillés de crystals, il hurlait. La bouche pâteuse, pleine de mots d’amour qui ne seront jamais dévoilés, il pleurait. Parce qu’il n’était qu’un homme, seul avec sa souffrance. Et parce qu’il n’était qu’un homme…il courrait.

    Il détestait le tour que prenait cette conversation. Pourquoi les femmes posent-elle tant de questions, au risque de ne pas en apprécier les réponses ou d’en être embarrassée? Posant son regard sur la belle rousse, le préfet hésita. Devait-il combler sa curiosité, au risque de l’effrayer malgré ses paroles, ou tenter de lui mentir? Les deux options étaient déplaisantes et il était fort à parier que Nemesys prendrait conscience, un jour ou l’autre, de la réalité par elle-même. Et pourtant… Allait-elle se sauver poliment, par peur qu’il ne l’attaque? Toute personne ayant un minimum de logique ne prendrait pas le risque de rester en compagnie d’un être foncièrement agressif. Il soupira.

    « Les gars de cette école sont tous, pour la majorité, des cons. Mais ça, tu l’as remarqué, je crois.
    Oui, Nem. Oui, ça m’arrive fréquemment de tabasser un type… Sauf que j’ai toujours mes raisons, habituellement. Disons simplement que j’en ai plusieurs. »


    Plusieurs raisons, pour plusieurs connards. Les pré-pubères de Poudlard n’étaient pas même dignes de porter le nom de leur maison…Ils n’étaient que des bêtes contrôlés par leurs hormones, des serpents habiles qui attrapent leurs victimes avec subtilité avant de les étouffer ensuite. Il les chassait, les damnait à se rependre, sous peine de devoir en assumer les dures conséquences. Car Raph’ n’était pas tendre dans ses châtiments ; à quoi bon? Les blessures cicatrisent, mais les meilleures sont celles qui marqueront à jamais la chair.

    Il cognait de toutes ses forces, avec acharnement. Le sang coulait sur son bras, allait se perdre dans la terre pour nourrir les insectes. Il tachait de rouge la pierre, marquait à jamais son âme, en décidant de se battre contre ce qui ne pouvait être vaincu. Des gouttes de sueur perlaient sur son front : il tremblait. À côté de lui, une fille frêle tentait désespérément de le raisonner. C’était peine perdue : il était comme un fou, sourd aux supplications de l’enfant. À bout d’arguments, elle se plaça entre l’objet et lui. Son bras retomba, de-même que son corps, alors qu’il se laissait tomber sur le sol avec lourdeur. La petite posa un bras sur son épaule, caressant doucement sa joue. Il n’est jamais facile de dire aurevoir.

    De nouveau, Raph’ laissa glisser son regard dans celui de Nemesys. Il avait envie d’y plonger…Découvrir ce qui se cachait derrière tant d’aventures, d’ennemies, de complexité. Il était peut-être perdu, absent. Mais il vivait avec un but clair et précis alors qu’elle…Pourquoi avait-il cet pressentiment étrange, cette sensation stupide qu’elle tentait de le séduire? Aussitôt, le préfet chassa cette pensée saugrenue de son esprit. La vipère ne tenterait jamais une telle chose. Non pas que cela lui aurait déplût. Il réfutait peut-être les relations sérieuses et celles d’un soir, mais il appréciait ce jeu habile auquel lui-même menait la danse, autrefois. Il s’imaginait bien, pressant son corps contre le sien… S’il n’y aurait pas eût Elena. Elle changeait tout.

    Merde. S’attendait-elle réellement à ce qu’il soit honnête? N’avait-elle pas compris que les autres femmes ne l’intéressaient pas? Il s’apprêtait à lui répondre lorsqu’il croisa à nouveau ses yeux. S’y perdre. S’en approcher…Davantage, toujours davantage… NON! Il ne comprenait pas. Il ne voulait pas comprendre. Et pourtant, un élément se distinguait bien : Nemesys devait partir le plus vite possible. Car le poufsouffle n’était pas dans son état normal. N’a-t-on jamais dit que l’humain est faible? Les actions qu’il commet sont bien souvent indépendantes à sa volonté. Lentement, le jaune et or rapprocha sa bouche de l’oreille de la serpentarde, avant de chuchoter :

    « Si tel était le cas, c’est que j’aurais déjà oublié celle que j’aimais. Le reste, tout ce que tu peux voir ou entendre me concernant… Ce n’est qu’un leurre, Nemesys. Il n’y a que les mensonges pour survivre ici… »

    Son visage, si proche, ses lèvres, obsédantes…L’homme n’est qu’une bête, assoiffée par ses envies du moment. Qui regrette toujours, que ce soit dans l’immédiat ou plus tard, les gestes posés. Raph’ ne cherchait pas à comprendre ni à réfléchir. Sinon, Elle allait revenir. Il suivait ses désirs, tout simplement… Et se penchant, il posa sa bouche sur celle de son amie, l’embrassant avec force. Physique, ce n’était qu’un attrait physique. Ça ne pouvait être autrement…Sinon, il était perdu.
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Nemesys C. Morrigan
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MessageSujet: Re: ta douleur sera la mienne ( pv)   ta douleur sera la mienne ( pv) I_icon_minitimeSam 25 Juil - 0:57

    Nemesys ne s'était pas trompée. Ou plutôt si, elle s'était complètement trompée sur lui au départ. Il n'était pas le garçon calme et posé qu'elle pensait. Mais elle l'avait deviné au moment même où elle l'avait vu se battre dans la Grande Salle. Il semblait évident que ce n'était pas la première fois qu'il s'adonnait à ce genre d'activité. Son langage ajouta de l'eau au moulin de la Serpentard, et elle eut finalement la preuve orale qu'il avait déjà violenté d'autres garçons ainsi. Et il avait ses raisons, disait-il. Heureusement. Elle ne l'avait pas imaginé violent, mais elle aurait encore plus de mal à concevoir qu'il pût faire ça gratuitement. Mais ce qu'elle apprenait lui donnait un peu une image de héros. Elle qui considérait que la plupart des garçons étaient commandés par leur entre-jambe, ça lui faisait plaisir de découvrir que l'un d'entre eux était contre ça et agissait presque en justicier. Elle aurait pu se pâmer pour lui. Par surcroît, il agissait sous couvert de la raison d'être de la jeune fille : la vengeance. Comment ne pouvait-elle pas se retrouver en lui ? Elle portait un nouveau regard sur lui à présent. Elle laissa les yeux noirs du jeune homme plonger dans les siens, comme hypnotisée. Son regard était étrange, il ne semblait plus lui-même. Elle venait de lui poser la question qui la taraudait depuis un moment, et sa réaction était des plus énigmatiques. Il s'approcha alors pour lui murmurer quelques mots dans l'oreille, ce qui la fit frissonner.

      - Si tel était le cas, c’est que j’aurais déjà oublié celle que j’aimais. Le reste, tout ce que tu peux voir ou entendre me concernant… Ce n’est qu’un leurre, Nemesys. Il n’y a que les mensonges pour survivre ici…


    Ces paroles résonnèrent dans sa tête pendant un petit moment et elle les analysa comme elle le pouvait. La première phrase tout d'abord. Il disait ne pas avoir oublié Elena et pourtant, il parlait de son amour au passé. C'est sans doute ce qui sauta le plus aux oreilles de Nemesys. Il avait dit "j'aimais". Il n'était donc plus amoureux d'elle ? Cela signifiait donc bien qu'il y avait du progrès. Sans doute l'avait-il dit inconsciemment, mais le fait était qu'il l'avait dit. Ensuite... Pourquoi parlait-il de leurre et de mensonge ? Etait-ce un mensonge de lui avoir dit qu'il maltraitait les dragueurs ? Non, elle l'avait vu de ses propres yeux. Ou bien faisait-il allusion à ce qu'elle avait pensé de lui au départ... En ce cas, il était vrai qu'elle s'était fourvoyée. Mais peu importait, ça ne changeait rien à ses sentiments pour lui. Ou plutôt si, il avait grimpé dans son estime. Alors, peu importait qu'il parlât de leurres. Elle savait qu'elle pouvait avoir confiance en lui sur le point le plus sensible la concernant. Quand bien même elle tomberait amoureuse de lui, quand bien même ça ne serait pas réciproque, il ne la ferait jamais souffrir, elle en était persuadée. Il pouvait bien lui mentir sur autre chose, ça lui était égal. En revanche, elle ne voulait pas non plus le faire souffrir. Ce fut plutôt ça qui l'inquiéta quelques secondes plus tard, après le baiser.

    Elle ne s'était vraiment pas attendue à ça. Il était vrai que leurs visages étaient anormalement proches et qu'il la dévisageait d'un air concupiscent, mais tout s'enchaîna trop vite pour qu'elle n'eût le temps de se demander ce qu'il se passait. Les lèvres du Poufsouffle se déposèrent sur les siennes, en un baiser ardent, qu'elle ne repoussa pas. D'ailleurs, même si elle l'avait voulu, elle ne l'aurait sans doute pas pu. Mais, à sa grande surprise, elle se laissa faire, et apprécia ce contact, qu'elle rendit avec une certaine tendresse. Tout d'abord, elle ne pensa à rien d'autre qu'au plaisir que lui procurait cette étreinte. Mais, ensuite, elle réalisa vraiment ce qu'il se passait. Il venait de dire qu'il n'y avait aucune fille qui l'intéressait, qu'il n'avait pas oublié Elena et, pourtant, il l'avait embrassé. Etait-ce pour ça qu'il parlait de leurre ? Leur baiser était-il un leurre ? Un simple geste sans aucune conséquence ? Elle aurait aimé que ce fût le cas. Une simple attirance physique. S'il s'agissait de ça, alors c'était parfait. Il n'était pas amoureux d'elle et il commençait quand même à passer à autre chose. Cependant, le but n'était pas qu'il se contente d'aventures sans lendemain, sans quoi il finirait par devenir comme ceux qu'il détestait tant. Mais s'il n'y avait que Nemesys, juste elle, alors elle serait ravie de lui faire oublier Elena ne fût-ce qu'une seule nuit. En espérant qu'il ne pensât pas à elle pendant ce temps, sans quoi il aurait fait machine arrière. Quand leur étreinte se relâcha, elle le regarda d'un air éberlué, ayant encore du mal à vraiment réaliser ce qu'il s'était passé. Elle chercha ses mots.

      - Waw. Je ne m’attendais pas à ça. Tu as pourtant dit qu’aucune fille ne te plaisait en particulier… Ca veut dire que tu aurais embrassé n’importe qui ?


    Elle ponctua sa phrase d’un sourire narquois. Ca lui semblait à présent évident qu’elle lui plaisait et, pourtant, elle n’était pas certaine qu’il n’aurait pas fait ça avec une autre fille. Elle commençait à se dire qu’elle ne le connaissait pas si bien que ça, finalement… S’il n’avait connu personne depuis la mort d’Elena, il devait certainement connaître un manque. Les hommes avaient toujours du mal à se restreindre sexuellement, et ça n’avait rien de pervers, c’était dans la nature masculine. Alors, peut-être la proximité avait-elle aidé. Oui, cette hypothèse semblait de plus en plus vraisemblable. Une attraction physique. Si c’était le cas, alors elle n’avait pas vraiment besoin d’avoir des scrupules, elle pouvait lui donner ce qu’il voulait. Pas par charité, pas par pitié, loin d’elle cette idée ! Jamais elle ne se donnerait à un homme pour ces affreuses raisons. Non, elle savait qu’elle y prendrait plaisir, tout simplement. Elle ne ressentait rien pour Raphaël au départ, mais depuis qu’elle avait découvert cette facette cachée de sa personnalité, il en était autrement. Toutefois, elle n’était pas certaine qu’il s’agissait bien d’une attirance physique. En fait, elle était un peu perdue. Elle décida de lui demander à brûle-pourpoint. Après tout, elle avait bien droit à des réponses, un baiser n’avait d’anodin.

      - Tu es vraiment quelqu’un de paradoxal, Raph. Tu dis ne pas avoir oublié Elena mais tu as dit que tu as parlé de ton amour pour elle au passé. Tu dis qu’aucune autre fille ne te plaît et tu m’embrasses. Je n’ai pas trouvé ça désagréable mais j’aimerais comprendre ta démarche.


    Tout ça n’avait pas vraiment de sens. Finalement, la seule hypothèse possible restait l’attirance physique. Ou la perte du sans commun ? Plus fou encore, il avait peut-être eu l’impression d’avoir Elena en face de lui… Après tout, Nemy ne savait pas à quoi ressemblait cette Elena, peut-être avait-elle des points communs avec elle… Peut-être était-ce pour ça que Raph s’entendait si bien avec elle… Et qu’il l’avait embrassé. C’était complètement saugrenu, mais ça restait possible. Si tel était le cas, elle ne devait pas l’entraîner là-dedans, bien au contraire, puisque le but était qu’il oublie cette fille. Et dans ce cas, elle devrait elle-même oublier Raphaël… Chose qu’elle aurait du mal à réaliser. Elle espérait donc qu’elle se trompait complètement dans ses suppositions. Elle planta un regard interrogateur dans les yeux du jeune homme. Elle le dévisageait, même, avec une grande curiosité. Curiosité à laquelle se mêlait un tiraillement entre l’envie de continuer sur la lancée de leur baiser et celle de tout interrompre pour éviter qu’il ne se fourvoie. Elle ne voulait que son bien.
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